Pourquoi et comment instaurer des règles auprès de ses enfants ?
J’explique souvent aux parents qu’un enfant sans limite est comme un enfant abandonné dans le désert : il ne sait pas où aller, il est perdu.
A l’inverse, un enfant à qui l’on impose des limites est comme dans un couloir : le chemin est tracé (ce qui est rassurant) il peut aller soit devant, soit derrière et s’il essaie d’aller à droite ou à gauche, il se cognera aux murs (se confrontera aux limites).
Entre 6 et 20 mois, l’enfant découvre le monde et affirme sa personnalité. Il explore son environnement et les objets à sa portée, en touchant à tout, goutant à tout.
C’est à ce moment que la notion de limite s’instaure : les parents limitent cette exploration en fronçant les sourcils ou tapant sur la main de l’enfant quand il transgresse la règle en touchant un objet interdit ou dangereux.
Tout cela permet à l’enfant de comprendre qu’il a été trop loin (qu’il a dépassé les limites) et qu’il a fait quelque chose qu’il n’avait pas le droit de faire. Mais surtout cela lui permet d’intégrer que ce qu’il a le droit ou non de faire est déterminé par ses parents et pas par lui-même. Il comprend alors que ses parents sont les garants de l’autorité et du savoir : « mes parents décident de ce que j’ai le droit de faire parce qu’ils savent ce qui est bon pour moi ».
Lorsqu’un enfant n’intègre pas les règles et les limites, l’on retrouve alors, des années plus tard des parents impuissants face à leur tout puissant adolescent tyran. Autrement dit : des parents qui ont perdu leur place et leurs rôles et ressentent, avec un profond malaise, le sentiment d’habiter chez leur enfant.
J’entends souvent les parents tenter de convaincre leur enfant « Allez… s’il te plait… fais-le pour moi… » Non ! L’enfant n’a pas à se soumettre « pour faire plaisir », mais parce que... c’est comme ça. L'enfant n'a pas à décider si oui ou non il va obéir. La décision ne devrait pas lui appartenir.
Eduquer n’est pas séduire. Le rapport d’éducation n’est pas un rapport de séduction.
Très souvent, les parents qui ont du mal à instaurer des limites pensent qu'en imposant quelque choses à leur enfant, ils risquent de perdre leur amour ou encore les marquer à vie (!) mais il n'en est rien.
Je me souviens d’un samedi après-midi à Virgin où un garçon de 5-6ans avait interpellé sa mère : « Maman, je veux que tu m’achètes ce jouet… sinon, je vais pleurer. ». La mère très calme, lui a répondu : « Je t’ai déjà dit « non »… mais pleure, si tu veux pleurer. » Le garçon, qui avait déjà commencé à pleurnicher, s’est alors arrêté, a saisi un livre et s’est mis à le feuilleter, le plus simplement du monde.
Ici, la mère de l’enfant lui a rappelé la règle, en insistant sur le fait qu’elle était infaillible (que c’était « comme ça » et qu’elle ne se laisserait pas corrompre) et l’enfant, par son comportement, lui a répondu : « Bon, Ok. J’ai essayé, ça n’a pas marché, passons à autre chose ».
Dire « non », frustre oui, mais ne traumatise pas et au contraire peut s’avérer très rassurant.
A l’inverse, s’entendre dire « non, mais oui, peut-être… » peut s’avérer extrêmement angoissant pour l’enfant.
Comment se situer, lorsque l’on est enfant face à un parent qui pour une même chose peut à la fois répondre oui et non ? Comment savoir si l’on est dans un jour « oui » ou dans un jour « non » ? Où sont les repères ?? Comment se repérer dans un tel brouillard ???
Ce qui détermine qu’un enfant respecte ou non les règles et les limites est déterminé par la solidité et la légitimité sur lesquelles l’autorité s’est établie.
Le discours parental doit donc être clair et sans ambiguïté et, pour qu’il soit crédible pour l’enfant, il faut que le parent croit en ce qu’il impose. C’est aussi simple que cela.
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